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Interview : La bataille du .ART

Dans le cadre du programme de nouvelles extensions lancé par l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN), dix projets pour l’extension .ART sont soumis. Un seul projet pourra être accepté après plusieurs étapes de validation. Parmi ces projets, il y a celui présenté par la société AREMI Group. Lors du sommet ICANN à Prague, nous avons rencontré Charles de Jonghe d’Ardoye, directeur et actionnaire unique de l’entreprise et Jonathan Levy, consultant freelance sur le projet.

ProDomaines : « Pouvez-vous nous présenter la genèse de votre application .ART. Comment vous avez eu l’idée de créer cette extension ? » Charles de Jonghe d’Ardoye : « J’ai toujours été attiré par l’art et je suis impliqué dans cette industrie depuis plusieurs années. Il y a maintenant deux ans je tenais une galerie d’art et l’idée est tout naturellement venue de là. J’ai également toujours été intéressé par l’univers des nouvelles technologies. J’ai eu la chance de rencontrer des membres de l’ICANN et au fur et à mesure le projet s’est développé.

Le travail sur l’application a commencé en 2010, en contractant avec le cabinet d’avocat américain Stoepte and Johnson, basé à Washington. Nous avons également fait appel à la société Catalyst Branding pour développer la marque et le positionnement du .ART. Je pense que nous sommes les seuls candidats à détenir actuellement un positionnement, un développement au niveau du branding et une idée très précise de ce qu’on va faire. Nous sommes également en cours d’enregistrement des marques .ART et DOT ART. Le processus est avancé, puisque les enregistrements ont été acceptés en partie par les autorités européennes. Nous en sommes maintenant au processus de validation. »

Dépôt, achat nom de domaine .ART

ProDomaines : « Chaque projet de nouvelle extension doit démontrer dans sa candidature qu’il existe un réel besoin pour l’extension. Quel est l’objectif, la mission de votre projet du .ART ? A qui s’adressera cette extension ? » Charles de Jonghe d’Ardoye : « Le besoin du .ART est identique à l'objectif du programme de nouvelles extensions : permettre à des internautes, entreprises ou projets de gagner en visibilité. Actuellement, beaucoup d’internautes, en particulier des artistes, étaient un peu noyés dans le « brouhaha » des extensions existantes ainsi que dans les moteurs de recherche. Je pense qu’il y a une véritable place pour un .ART pour pouvoir justement faire remonter sur le devant de la scène ces internautes. Nous avons une véritable volonté de développer la communauté créative et artistique en ligne. Notre slogan, « if you’re creative, you’re .ART » est vraiment le maître mot de l’application. Nous pensons que les internautes et marques joindront le .ART non pas dans un sens préventif mais dans un but de visibilité et de communication. »

ProDomaines : « Vous aviez la possibilité de déterminer une communauté pour justifier la nécessité de votre extension. Les extensions communautaires pourront être favorisées par l’ICANN. D’ailleurs, deux projets en concurrence sur le .ART sont des extensions communautaires. Pourquoi avez-vous décidé de ne pas en constituer une ? » Charles de Jonghe d’Ardoye : « Notre décision était de ne pas restreindre notre application à un projet communautaire et de viser, à l’inverse de nos concurrents, l’industrie créative. Plusieurs candidats ont considéré le .ART en visant une partie des acteurs de l’industrie, ceux qui correspondaient directement à leur idée de l’art. Pour notre projet, nous avons voulu ouvrir l’extension à l’ensemble de l’art, aux huit ou neuf formes d’art, aussi bien le théâtre, la poésie, la peinture, la danse, le cinéma, la musique, la sculpture, l’architecture… Dans toute l’application il était important pour moi de bien montrer qu’elle est ouverte à tous ceux qui pensent avoir une fibre créative et non pas uniquement aux acteurs de l’industrie. Nous ne voulions pas se limiter aux galeries, aux musées, mais vraiment au sens le plus large possible de ce que veut dire le mot ART pour chacun. Il n’y a aucun souhait de notre part de faire de jugement sur ce qui est de l’art ou pas. Je pense que c’est aux gens de juger par eux même et nous leur offrons simplement l’outil nécessaire pour s’exprimer sur internet. »

ProDomaines : « Vous pouvez également être en concurrence typographique avec le .ARTE soumis par la chaine de télévision Franco-Allemande. Comment considérez-vous cette concurrence forte sur le .ART ?» Charles de Jonghe d’Ardoye : «Nous serons effectivement en concurrence avec de nombreux projets. Certains applicants ont soumis plusieurs dizaines de candidatures à l'ICANN. Sans préjuger de la qualité des demandes, nous nous doutons bien que l'ensemble des candidatures n'ira pas jusqu'au bout et que les dossiers seront retirés après négociation. Le cas des deux applications communautaires est un peu différent. A mon avis, une communauté doit être unique et le fait que deux projets proposent des communautés différentes pour la même extension démontre bien que chacune d’elle est restrictive. Les gens ont une tendance à confondre un club et une communauté. Notre application l’explique très bien, il n’y a pas de communauté de l’ART. C’est une notion tellement vague et vaste, tellement de domaines différents… Chacune de ces applications sont spécifiques à un domaine de l’art. Ils oublient tous les autres. Enfin,d’après les dernières informations, le processus de concurrence (nommé « string confusion ») ne serait plus automatisé comme cela avait été annoncé mais étudié par une équipe spécifique. Il y a un risque quasi-nul de se retrouver en concurrence contre le .ARTE. L’extension .ARTE sera à usage non commercial à l’inverse du .ART. Ce n’est pas le même type d’application et l’internaute ne pourra pas être trompé par les deux extensions. »