Pourquoi racheter un nom de domaine ?

Face à l’impitoyable règle du « premier arrivé, seul servi », les sociétés sont obligées de racheter des noms de domaine détenus par des tiers, à des tarifs parfois très élevés. Enquête sur un sujet souvent tabou.

C'est statistique. Avec 200 millions de noms de domaine enregistrés, ceux de qualité et disponibles sont une denrée rare. Les très courts encore plus ! Impitoyablement, toute personne intéressée par des noms déjà enregistrés doit négocier leurs rachats.

Rachat de noms de domaine

Les noms de domaine peuvent être déposés par des tiers tout à fait légitimes. Prenez gdf.com. En février 1997 (voir illustration), il était détenu par le cabinet d'avocats texan George, Donaldson & Ford, qui avait la bonne idée d'être spécialisé dans le droit des marques. Le gazier français a été contraint d'engager une négociation pour récupérer le nom.

Des noms courts prisés

Autre exemple : lfp.fr. Autrefois propriété de la Française des plastiques, elle l'a cédé contre quelques dizaines de milliers d'euros à la Ligue de football professionnel. Plus récemment, la Mutuelle de Franche-Comté a déboursé 2 300 euros pour le très court mfc.fr. C'est un peu plus cher que les 2 000 euros dépensé par Media Centres Commerciaux et son mcc.fr.

Les sigles sont cotés, en particulier ceux à deux caractères. Prenez be.com, une perle rare dénichée par Lagardère pour son site communautaire 100 % mode. Un tel nom de domaine a forcément été racheté sur le second marché même si le montant reste secret...

Les noms patronymiques peuvent aussi s'échanger. Becquet a déboursé 100 000 dollars canadiens pour disposer de becquet.com auparavant détenu par un chanceux homonyme canadien. Beaucoup moins cher, les éditions Amaury ont récemment récupéré le nom de domaine amaury.com pour 2 500 euros.

Mais la pénurie en noms de domaine n'existe pas seulement sur les noms naturels : pour leurs nouveaux produits ou activités, les entreprises sont aussi souvent contraintes de passer par le second marché. Canal J s'est porté acquéreur de june.fr (6 000 euros) et de june.tv (5 500 dollars). Aol France a dépensé 7 000 euros pour seed.fr. France Telecom a mis 2 000 euros sur la table pour le portail vidéo d'Orange intitulé videoparty.fr.

Noms génériques pour des utilisateurs finaux

Une autre tendance d'acquisition concerne les noms de domaine qualifiés de génériques. Il s'agit de noms descriptifs autour d'une activité qui permettent de prendre des positions par rapport à la concurrence. Et d'améliorer le référencement. Google insiste beaucoup sur l'importance des expressions utilisées dans le nom de domaine.

En 2009, Toys'R'Us a signé un chèque de 5 millions de dollars pour l'obtention de toys.com. Une bagatelle qui lui permet tout de même d'être dans les trois premiers résultats de Google.com sur la requête « toys »... D'autres ventes importantes ont récemment eu lieu. Cmonassurance, filiale web d'Alptis Assurances, s'est offert mutuelle.fr contre 78 000 euros. En juin 2007, un e-magazine s'est lancé sous le nom de domaine masculin.com moyennant 150 000 euros. Une vente publique qui a entraîné de nombreuses retombées presse.

Ces montants importants ne doivent pas cacher une grande partie des transactions qui se font à des tarifs plus abordables ; biscuiterie.fr (3 500 euros) racheté par La Cure Gourmande, malauventre.fr (1 400 euros) pour les produits de gastroentérologie du laboratoire français Mayoly-Spindler, chaussurefoot.fr (1 200 euros) aux mains de Made in Sport.

Un discret second marché de noms squattés

Ces ventes ne sont toujours pas faciles à détecter. Les entreprises sollicitent leurs cabinets juridiques ou leurs bureaux d'enregistrement pour mener les négociations anonymement. Il faut donc scruter l'évolution des whois dont les noms ont récemment été vendus.

Enfin, il y a les transactions qui portent sur les noms de domaine squattés, c'est-à-dire enregistrés de mauvaise foi. Théoriquement, ce type de pratique est lourdement condamné par la justice, mais pour une entreprise payer les squatteurs est parfois moins cher que d'engager une procédure. Dans ce cas, les négociations se font évidemment dans la plus grande discrétion.

D'ailleurs, le rachat est parfois la dernière solution pour conclure un litige ancestral. Ainsi, ce n'est qu'après de nombreux échecs juridiques que France Télévisions a finalement récupéré les très lascifs france2 et france3.com, détenus par un « porn squatteur » coréen. Un arrangement financier discret…

Pour en savoir plus : mandatez ProDomaines pour le rachat de vos noms de domaine.