« CityTLD », les nouvelles extensions internet des villes

Parmi les projets de nouvelles extensions, certaines vont encore plus loin que celles à dominante culturelle (lire notre article à ce sujet ) dans la volonté d'un Internet plus proche et plus local: les cityTLD, nouvelles extensions dédiées à une ville ou à une métropole.

Des métropoles plus fortes que certains pays

Paris, New-York ou encore Tokyo sont des mégalopoles dont la puissance économique et la densité humaine font que leur PIB dépasse celui de nombreux pays. Une large partie de la population mondiale se concentre dans ces grandes métropoles. Elles sont un terreau fertile pour l’acquisition d’un TLD (Top-Level Domain) spécifique à leur grandeur.

Le .LA du Laos est détourné depuis longtemps par Los Angeles mais toutes les grandes villes n’ont pas la « chance » qu’un suffixe pays corresponde à leur acronyme naturel.

L’idée de créer des extensions pour ces grandes villes est née il y a quelques années. L’objectif est d’améliorer la communication et le marketing de ces cités, faciliter les interactions locales et proposer des recherches plus faciles à la fois pour les habitants de ces villes mais également pour tous ceux qui s'y intéressent de plus loin.

Cible globale vs recherches locales

L’arrivée de ces extensions villes est logique car elle correspond à un mélange de deux tendances majeures de l’économie mondiale : la globalisation et la régionalisation. Les noms de domaine génériques, de part leur nature même, ont vocation à toucher une audience la plus large possible. Les extensions pays favorisent quant à elles la visibilité et la présence dans un pays donné renforçant par la même une pénétration sur un marché national ciblé.

Avec les cityTLD, la donne est sensiblement différente. La combinaison d’une approche locale tout en gardant un objectif de résonnance mondiale, voire de vitrine ultime pour une ville, apporte un réel plus dont les bénéficies pourraient être imparables.

AVANTAGES

Les avantages listés ci-dessous sont régulièrement mis en avant par les porteurs de projets : •    Un impact marketing pour le tourisme et les autres activités économiques. •    Des noms de domaine accessibles pour les entreprises et les résidents de la ville. •    Des revenus pour la ville et une visibilité accrue pour cette dernière. •    Une fierté civique accrue par le développement d'un esprit communautaire et d'une identité urbaine. •    Des institutions locales plus faciles à trouver et à identifier. •    Selon le gestionnaire du cityTLD, l’application d'une politique adaptée à sa ville (refus de la pornographie par exemple) serait envisageable. •    Amélioration des résultats via les moteurs de recherche. Cette liste d’arguments en faveur des cityTLD fait que pour l'heure, de nombreuses villes sont déjà dans la course pour avoir leur nom de domaine. Certains projets, comme le .NYC (New York) ont même plusieurs requérants.

Panorama des projets dévoilés

Exceptions faites des projets à l’état de rumeur, voici les villes candidates à un cityTLD : .ATHENS .BASEL (Bâle) .BCN (Barcelone) .BERLIN .BUD (Budapest) .HAMBURG .KöLN (Cologne) .LONDON .MADRID .MELBOURNE .MIAMI .MOSCOW .NAPLES (Naples aux USA et non le Napoli italien ce qui pourrait poser problème aux francophones) .NYC : http://www.dotnyc.net/ et http://connectingnyc.org/ .PARIS .RIGA .ROMA .SFO (San Francisco) .SYDNEY .TOKYO .TOULOUSE .VEGAS

Concurrence entre les nouvelles extensions et les actuelles

Parmi pour tous les nouveaux projets d’extensions, de nombreuses interrogations subsistent comme celles liées à la viabilité économique des projets. Les cityTLD nous amènent à nous poser quelques questions essentielles :

-    Est-ce que toutes les villes peuvent avoir leur suffixe ou seulement celles qui en ont les moyens de part leur taille, leur puissance économique (…)? La réponse semble évidente mais il y a fort à parier que des villes plus modestes, si elles arrivent à financer un tel projet, pourraient se servir d’un cityTLD comme d’un tremplin pour accéder à une notoriété plus forte. -    Si les villes ne sont pas toutes logées à la même enseigne au niveau de leur puissance, certaines souffriront également de suffixes trop longs. En raccourcissant leur extension, elles prendront le risque de perdre en identité. Un .BCN par exemple n'est pas aussi représentatif qu'un .BARCELONA mais ses 3 caractères font qu’il est plus adapté aux standards actuels. -    Quelle écriture retiendront les villes ? Si Paris a l’avantage d’être un standard (quasi) universel, qu’adviendra-t-il des noms de ville s’écrivant de multiples manières selon la langue ? La question des variantes pour le .MOSCOW se posera forcément avec Moskva, Moscou, Moscow, Москва… -    Quid des conflits entre d’autres projets légitimes ? Un hypothétique .BUFFALO qui correspond à plusieurs villes américaines mais également à une marque de chaussures. Le .BUD choisi par Budapest peut également convenir à la célèbre bière Budweiser… Autre conflit possible, celui d'intérêt. Le .PARIS va-t-il concurrencer le .FR ou peuvent-ils parfaitement cohabiter? Mieux vaut-il un hotelmercureparis.fr ou un hotelmercure.paris? La longueur de l’URL nous donne un argument en faveur du cityTLD. Si l’extension .PARIS devait offrir de meilleurs résultats de recherche via les moteurs les plus utilisés, le choix serait sans équivoque.

Autre exemple, le .BCN barcelonais pourrait porter préjudice au .CAT catalan lui-même étant finalement une division du .ES espagnol. Certes, la Catalogne ne se réduit pas seulement à Barcelone mais elle est sa capitale qui concentre la dynamique régionale. Pour ce cas précis, j’y vois un risque de doublon pas forcément optimal.

Conclusion

Rien n’est jamais simple dans le monde des noms de domaine ! Malgré toutes ces interrogations, les cityTLD ne manquent pas d’arguments en leur faveur faisant d’eux des noms de domaine au caractère innovant.

Certains d’entre eux devraient tirer leur épingle du jeu plus facilement que les autres grâce à leur structure même (.NYC, .PARIS) et grâce au lobbying fait autour d’eux depuis déjà quelques mois. Pour les autres, souhaitons-leur simplement de la réussite dans leur volonté d’être à la pointe de la technologie sur le Web.